samedi 24 février 2018

Le développement cognitif de l’enfant

Selon Piaget, le développement cognitif de l’enfant est un processus progressif, il est le résultat de différentes interactions complexes entre la maturation du système nerveux et le langage
Cette maturation dépend des interactions sociales et physiques avec le monde qui l’entoure, la théorie de Piaget détermine 4 stades ou périodes majeurs de développement cognitif distincts, chaque stade est divisé en plusieurs niveaux.
Stade sensori-moteur : penser au moyen d’objet
Ce stade s’étend de la naissance à l’âge de 2 ans, durant cette période l’enfant découvre les relations entre ses sensations, ses actions et leurs conséquences, ce stade est marqué par la découverte de la permanence de l’objet, c’est à dire que l’enfant arrive à comprendre qu’un objet existe toujours même s’il est devenu invisible.
Niveau 1 : Exercice des réflexes (période de 0 à 1 mois).
Le bébé à sa naissance possède un ensemble de réflexes comme pleurer, tousser, uriner, déféquer et gigoter. Pendant cette période, le nouveau-né perfectionne, par interaction avec son environnement et consolide par exercice et ses réflexes innés, il ne coordonne pas l’information provenant de ses sens, il ne saisit pas encore l’objet qu’il regarde.
Niveau 2: Réactions circulaires primaires (période de 1 à 4 mois)
Une réaction circulaire primaire veut dire maintenir une sensation agréable par la répétition.
Ce phénomène apparait entre l'âge de 1 et 4 mois et devient de plus en plus complexe jusqu'à 18 mois.
Les premières habitudes s’installent progressivement, le bébé reproduit des comportements agréables qui sont souvent produits par hasard, ses activités sont centrées sur son corps et non sur les effets de son comportement, il acquiert des actions adaptatives résultant de son expérience, il adapte ses actions en fonction de son environnement. On dit qu’il "accommode ses schèmes".
Niveau 3 : Les réactions circulaires secondaires (Période 4 à 8 mois), maintenir un spectacle intéressant impliquant des objets.
Les premières actions intentionnelles de l’enfant apparaissent et il prend conscience qu’il est distinct du monde extérieur.
L’enfant répète des actes accomplis au départ par hasard et qui lui ont apporté une certaine satisfaction. L’enfant vise à reproduire ces actes avec une prise de conscience de l’environnement extérieur.
Pour cette raison, ces réactions sont qualifiées de réactions circulaires secondaires.
Niveau 4 : Coordination des schèmes secondaires (Période 8 à 12 mois) L’enfant commence à comprendre les effets de son comportement, ses actions deviennent de plus en plus intentionnées et orientées vers un but, à ce stade le bébé peut coordonner des schèmes déjà acquis comme regarder et toucher un objet, il prend également conscience de la présence des objets et des êtres et il acquiert la permanence de l’objet, c'est-à-dire qu’il recherche un objet qu’il a vu disparaître derrière un écran, i
utilise aussi des stratégies déjà maîtrisées pour résoudre des problèmes simples.
Niveau 5 : Réactions circulaires tertiaires (âge 12 à 18 mois):
Explorer les conséquences sur les objets par les variations dans l'action.
L’enfant expérimente activement des moyens nouveaux et ne se contente plus de les reproduire que lorsqu’elles se présentent à lui par hasard, il apprend par tâtonnement, il fait des essais de plusieurs stratégies pour atteindre son but, il recherche la nouveauté et porte beaucoup plus d’attention à la façon dont les nouveaux objets et événements diffèrent de ses constructions mentales actuelles, il utilise le processus d’accommodation pour adapter ses schèmes et en construire d’autres plus appropriés. Ainsi, l’enfant utilise ses moyens pour s’adapter à des situations nouvelles, à ce stade, l’enfant a acquis la permanence de l’objet mais pas ses déplacements invisibles.
Niveau 6 : Combinaisons mentales (âge 18 à 24 mois)
À ce niveau enfant comprend la relation qui existe entre la cause et l’effet, il comprend également la relation qui existe entre les objets et les événements, il acquière la capacité de penser ses actions et d’anticiper le résultat avant de les effectuer, ces capacités représentationnelles lui donne le pouvoir d’imaginer en pensée plusieurs scénarios de solutions qui sont plus efficaces que le tâtonnement du stade précédant
L’enfant imite certaines situations même en absence du modèle, à ce stade il y a acquisition complète de la permanence de l’objet. La fin de ce premier stade est marquée par l'accès à la fonction symbolique.
Stade préopératoire : penser au moyen de symboles.
Ce stade s’étend de l’âge de 2 à 6 ans, il est marqué par la découverte de la fonction symbolique, àce stade, l’enfant reste toutefois limité sur le plan raisonnement et processus de penser. Au début de cette période, l'enfant maîtrise les notions de l'espace et du temps, ensuite celle de la fonction symbolique.
Cette période est marquée par plusieurs acquisitions, en particulier le langage. L’enfant est capable peu à peu de converser. Par ailleurs, c'est aussi durant cette période que se forment les notions de quantité, de sériation et de classement.
Ce stade est marqué par l'égocentrisme c'est-à-dire l’enfant est incapable de se décentrer et de coordonner son point de vue avec celui d’autrui, il a été également remarqué que l'enfant vit ce stade dans la contradiction; Il peut affirmer une chose et son contraire immédiatement après sans aucune gêne.
Période de 2 à 3 ans : apparition de la fonction symbolique
La fonction ou la représentation symbolique consiste à organiser en pensée des images à partir des objets ou des mouvements du monde réel.
L'enfant n'agit plus par tâtonnement mais il réfléchit et il trouve la solution dans sa tête, c’est le stade de la compréhension soudaine.
La fonction symbolique ou encore appelée intelligence symbolique se manifeste par le jeu symbolique, l'imitation différée et le langage.
Période de 3 à 6 ans : apparition de la pensée intuitive
La pensée intuitive se caractérise par la concentration de l’enfant sur l’apparence des choses et par l’absence de raisonnement logique.
Par exemple, à ce stade un enfant ne peut pas comprendre que la quantité d’eau reste la même si on transvase un verre plein dans un verre plus grand.
Le deuxième verre étant moins plein, l’enfant déduit qu’il contient moins d’eau. Il est dit que l’enfant n’a pas acquis la notion de la conservation. De même que si on place deux rangées de pièces de monnaie de mêmes dimensions mais dans l’une les sous sont plus espacés (conséquence : moins de sous), l’enfant déduit toujours qu’il y a le même nombre de pièces dans les deux rangées. Et si on place deux rangées d’un même nombre de sous et de même longueur et on étale devant ses yeux les sous de l’une d’elle pour la rendre plus longue, l’enfant déduit toujours que la plus longue est celle qui contient le plus de sous.
Un autre exemple qui illustre bien ce manque de logique à cet âge: Si on présente à l’enfant une boule de pâte à modeler et on lui demande d’en faire une autre de même grandeur. On laisse sur la table la boule confectionnée par l’enfant à titre de témoin. On transforme, sous les yeux de l’enfant, la boule en galette, puis en boudin. Quand on lui demande s’il y a encore dans les boules transformées "la même chose" (la même quantité) l’enfant répond qu’il y en a moins dans la galette car elle est plus fine que la boule et plus dans le boudin car il est plus long. L’enfant est plus centré sur l’apparence des choses et n’a pas de raisonnement.
stade opératoire concret : Penser de façon logique.
Ce stade s’étend de l’âge de 6 à 12 ans, il est marqué par l’apparition du sens de la conservation. la logique s’installe progressivement chez l’enfant, comme celle pour sérier, calculer et mesurer, il établit les liens entre les catégories et les ensembles. Toutefois, à ce stade, l’enfant est encore attaché à la réalité physique immédiate, il vit le présent, il a encore des difficultés à entrevoir l’avenir ou des situations hypothétiques. Pendant cette période, l’intelligence, dite opératoire, reste dépendante du concret.
Voici quelques exemples d’acquisition selon l’âge :
Les conservations physiques
Conservation de la quantité de la matière (7-8 ans) : un morceau de pâte à modeler contient la même quantité de pâte qu'il soit présenté en boule ou en galette.
Conservation de la quantité de poids (8-9 ans) : un kilo de plume est aussi lourd qu'il soit présenté dans un seul sac ou dans plusieurs sacs.
Conservation de la quantité de volume (11-12 ans) : le volume d'un litre d'eau reste inchangé, qu'on le présente dans une bouteille ou dans un récipient plus évasé.
Les conservations spatiales
Conservation des quantités numériques (7 ans) : quand on place une rangée de jetons peu espacés et qu'on demande à l'enfant de prendre autant de jetons que l'exemple, il réalisera correctement l'exercice.
Classification (8 ans)
Sériation (8 ans)
Les groupements multiplicatifs c'est la capacité à combiner la classification et la sériation. À partir de 11 ans, l’enfant commence à établir des hypothèses détachées du monde physique. Il ne peut plus se contenter d’une logique concrète, il utilise des raisonnements hypothético-déductifs du type (et si je fais ceci, j’obtiens cela) pour mieux appréhender le monde. Il pense que le possible est une forme du réel alors qu’au stade de l'intelligence formelle, c'est le réel qui est une forme du possible
Le stade opératoire formel : hypothético-déduction (après 12 ans)